Mythe des origines de PANIUM

 

 Le Premier Âge

 

 Au commencement était le Bocal.

 

Lorsque celui-ci fut brisé, Solpa en ramassa les tessons et s’exila de ses pairs pour construire un ailleurs moins décevant.

Solpa, l’Être Balancé, créa alors un monde qu’il nomma Panium, car il devait pouvoir être toute chose. Il utilisa, pour le façonner, les tessons du bocal, qui devinrent les cristaux, et se nourrit des vertiges de la Foudre qui persistaient dans l’éther.

Parce qu’il n’était point théocrate ni tyran, il invoqua les Primordiaux – car ils furent les premiers à toucher Panium – et leur demanda de modeler ce monde de façon à ce qu’il puisse accueillir la vie. Pour ce faire, Solpa leur donna à chacun des fragments de Foudre, d’où ils purent tirer leurs forces. Ce fut l’aube du Premier Âge de Panium.

 

 

Oris, l’aimante
s’entoura de chaleur au centre de Panium et attira à elle la compagnie de toute chose.

 

Udall, le serpent de feu
dessina les reliefs et bâtit les montagnes.

 

Nethys, la songeuse
s’endormit dans un creux de terre et toute l’eau qui recouvrait son corps emplit les océans de Panium.

 

Asyn, celui-qui-fuit
expira tout l’air contenu dans ses poumons et amena l’air et le vent sur Panium.

 

Doba, la tortue-sous-Imma
planta des graines et donna la vie à la végétation de Panium.

 

Nyfto, la douce-voix
se mit à chanter et offrit à Panium le don du son.

 

Yuu, le façonneur
rêva les premiers animaux qui foulèrent le sol de Panium.

 

Tiktos, le compteur
commença à égrainer les secondes, et Panium se mit alors à tourner.

 

 

Solpa contempla ce monde et s’émerveilla de l’amour avec lequel il avait été façonné. Chaque Primordial avait transmis à son élément un fragment de lui-même, dotant la nature d’une conscience qui s’éparpillait en une infinité de créatures : les élémentaires.

Solpa regarda ensuite les animaux mortels que Yuu avait fait naître, et fut triste de les voir ainsi souffrir. Parce que tel était son pouvoir, il leur raconta le Sempi, le fragment d’éternité qui les animait, les pouvoirs de liberté qui étaient les leurs, et leur promit la délivrance due à leur finitude.

Absol, le pendant obscur de Solpa, trouva absurde de faire naître ce qui devait mourir, et d’ainsi leur accorder une existence dénuée de sens, d’autant plus s’ils la gâchaient. Il voulut donner vie à des créatures immortelles, mais sans Sempi, elles n’étaient que des pantins sans volonté ni émotions. Il voulut alors commander aux animaux, mais le Sempi était au-delà de son pouvoir.

Absol décida alors de s’extraire de Solpa, avec qui il avait partagé son existence, et alla prendre place à l’opposé de Panium. De cette séparation, Solpa devint lumière, et Absol obscurité. La rotation de Panium la plongea dans un cycle de jours et de nuits.

Nyfto, la douce-voix, par Saiph

 

Durant le Premier Âge, avant que Sha ne vienne trôner dans le ciel nocturne, la rotation du monde telle que voulue par Tiktos faisait s’alterner des jours d’un ciel bleu immaculé, chauffés par l’œil éclatant de Solpa, et des nuits de ténèbres absolues dont les heures appartenaient totalement à l’Être Obscur.

Chaque jour et chaque nuit de Panium durait 88 888 heures. Durant ces heures-là, les Primordiaux dormaient, immobiles, plongés dans les plus profonds des rêves. Durant ces heures de nuit, Absol donnait la vie à des créatures dénuées de sempi, immortelles, et froides comme le Cosmos.

Lorsque le jour éclairait le monde, les rayons de lumière chauffaient la terre, et la vie renaissait, grandissait, évoluait. Les Primordiaux s’éveillaient et continuaient leur travail. Tiktos comptait les secondes, les heures, les années. Chaque jour voyait se bâtir des communautés, des races évoluer, des forêts grandir et de nouvelles naissances. Mais lorsque la nuit gagnait la moitié du globe, le froid, comme une vague inarrêtable, fondait sur l’existence. Alors les êtres mortels mourraient, ou fuyaient cette vague, migraient sans jamais s’arrêter plus de quelques mois, pour échapper à la nuit qui les poursuivait, et le froid implacable.

De l’autre côté d’un monde divisé, les créatures non-mortes d’Absol, à la peau glacée, suivaient la nuit éternelle, de la même façon, prenant leur place dans une ronde absurde, une course à la survie.

Lorsque le visage de Panium fut achevé et que le monde ressembla à ce qu’il devait être, les derniers éclats de Foudre qui avaient servi à le façonner joignirent le ciel, et les ténèbres furent brisées. Solpa décida alors de faire cesser cette danse de mort, et appela Sha à son aide. Vint alors l’Ère de l’Éclat.

 

 

 

L'Ère de l'Éclat

 

Sha, la Protectrice Blafarde, s’entoura d’une carapace de lumière, et alla se positionner dans la nuit, au cœur des ténèbres, pour offrir à Panium la lueur de sa présence immobile. Ainsi, les nuits sombres du monde devinrent moins froides, et les créatures d’Absol durent craindre sa présence protectrice.

Afin que les créatures mortelles puissent vivre et survivre à travers l’obscurité, il demanda à Tiktos de raviver le temps. La rotation de Panium s’accéléra, et jours et nuit ne durèrent plus que quelques heures seulement. Dans les ténèbres, la chaleur des rayons de lumière du jour passé donna au monde ce dont il avait besoin pour que la vie s’y épanouisse, et empêcher que le froid n’y mette un terme.

Chassées, bannies, les créatures dénuées de sempi, les monstres glacés d’Absol, disparurent ou s’exilèrent là où nul rayon de lumière ne pouvait les atteindre. Enfin apaisée, la vie sur Panium put perdurer et grandir vers l’avenir.

Mais les êtres vivants qui foulaient le sol de Panium existaient sans regards les uns pour les autres, et Absol, esseulé, riait toujours de son jumeau, car les mortels, même dotés de sempis, ne savaient pas vivre, croître et assurer leur survie. Il était aisé, pour Absol, de les confondre et les égarer dans la nuit ; d’assombrir leur cœur et de glacer leur volonté. Comprenant le danger, Solpa appela à lui Cent-noms, afin de l’aider.

 

 

 

L'Ère du Verbe

 

Cent-noms eut pour mission d’offrir aux animaux le langage, qui leur permettrait de se réunir, d’apprendre, de se protéger et de bâtir des sociétés. Unies, les créatures mortelles de Panium deviendraient plus fortes et sauraient traverser le temps sans s’égarer.

Cent-noms foula le sol de Panium parmi les races mortelles, et leur transmit son savoir. Nombreuses furent celles qui restèrent sourdes au verbe de Cent-noms et préférèrent la liberté d’une existence inconsciente. Quelques-unes l’écoutèrent et apprirent, évoluèrent, comprirent. Dès lors, Solpa défendit à Sha et à Cent-noms de parcourir Panium ; ce monde appartenait aux mortels, et devait rester leur monde exclusif. Les Primordiaux s’endormirent à jamais, et les peuples de Panium s’éveillèrent.