L'ouvrage qui m'a mis sur la voie du développement de Panium est "The  imaginary world of..." de Keri Smith. Je l'ai découvert dans le courant 2016, par hasard, et j'en ai parlé autour de moi. Il m'a été offert à la Noël 2016, et dès 2017, des circonstances me donnant beaucoup de temps pour écrire, j'ai commencé à bâtir ce qui devait être un monde idyllique, parfait ; un monde où je voudrais vivre, où je devais intégrer tout ce que je désirais, tout ce que je rêvais, et où je devais me situer.

L'idée d'avoir un carcan facilitateur d'imagination, comme une succession de jeux d'imagination, me plaisait, et si je n'avais pas, durant cette période, l'énergie pour raconter une histoire de bout en bout, c'était ici à travers des étapes que j'allais créer cet univers.

La database. La base de données. Une des premières choses qui m'était demandé de remplir, dans cette quête vers la construction de Panium. Il me fallait lister ici, de quelque manière que ce soit, toute la substance, les idées, les contenus en tous genre qui fourmillaient parmi mes désirs, et parmi lesquels mon imagination allait fouiller pour créer la suite.

La première chose que j'ai faite, c'est dessiner, au centre, la Foudre dans le Bocal. Puis les idées se sont enchaînées, par association, et la page s'est remplie. Beaucoup de ces choses sont, naturellement, sources de nombreux éléments de Panium, en histoires, personnages, lieux, etc.

Le carnet créatif, assez exigeant, m'a demandé des plans, une description des alentours, et j'ai obéi, et j'ai créé Panium à partir de là. Il y avait moi, et cette maison. Le Bocal est le centre de ce monde. Le reste s'est dévoilé, comme une brume, au fur et à mesure de ma progression.

Bien sûr, dans ce monde que je bâtissais autour de moi, il me fallait m'y intégrer, et donc construire également ma place, mon lieu de vie, ma maison, très concrètement.

J'avais une vision de la maison dans laquelle je voulais situer mon personnage. Je l'avais déjà vue, plus de dix ans auparavant, dans un lieu reculé, dans les montagnes. Je me souviens du sentiment d'avoir voulu être là, sortir, sentir le soleil, voir ce paysage, me coucher sur l'herbe. Assez naturellement, c'est cette maison qui s'est imposée à mes pensées lorsqu'il a été question de créer ma demeure.C'est ainsi que j'ai créé le Bocal. Pas identique, mais ayant en tête cette image, ce souvenir.

 


Et puis, le sacro-saint livre de la création m'a demandé qui j'étais. Mais pas juste qui j'étais moi, celui qui tenait le stylo, non. Qui j'étais, sur Panium, qui donc vivait dans cette maison ? Qui regardait ce paysage, qui avait cette chance, et allait bénéficier de cet univers taillé par le rêve ?

J'ai donc commencé. Je ne savais pas s'il me fallait me placer moi, ou bien un avatar imaginaire, car comment me sentir à l'aise en me projetant là-bas, et à la fois comment préserver la cohérence ? Ne trouvant pas d'issue, j'ai donc créé Charlie, né de mon second prénom, Charles. Je restais Thomas, mais n'étais pas identifié comme tel explicitement.

Alors j'ai raconté une vie alternative. Une vie imaginaire, que, peut-être, j'aurais aimé vivre (?). Et cela commençait avec un garçon dont le second prénom était Arthur.

La Foudre est dans le Bocal.

Il était impensable de créer un monde parfait et de ne pas y intégrer cette notion, capitale et centrale dans ma vie. Le concept, ainsi que la représentation, était toutefois assez amusante, comique, et farfelue. Comment en faire quelque chose d'emblématique, un pilier de Panium ? Je devais repenser le logo, et trouver d'autres sigles. Je devais avoir des sigles, car à travers un dessin ils représentent quelque chose de mille fois plus vaste qu'un mot, une idée, ou une personne.

Comment faire pour que le sigle ne fasse pas penser à autre chose ? Comment trouver quelque chose de facilement reproductible, et de riche à la fois ? À cette heure, je n'ai toujours pas trouvé d'alternative, pour la Foudre dans le Bocal. Mais au-delà du ridicule que peut inspirer quelque chose, vient un moment où la réalité, l'existence de la chose la rend juste normale, connue, et emblématique. Ne pourrait-il pas en être ainsi pour ce logo ? J'aimerais le croire. Mais l'idée n'est pas figée.

Les exigences de l'ouvrage de Keri Smith étaient parfois difficiles, et strictes. Bien sûr, le livre lui-même méta-communiquait sur le fait que la liberté primait avant tout, et Keri Smith, avec ses autres livres, prônait les choses en ce sens. Mais j'avais du mal me défaire de l'idée de jouer le jeu. Si je n'ai toutefois pas rempli toutes les pages, j'ai tenté de jouer le jeu, du moins quand ce que ça pouvait apporter à Panium était bénéfique.

Structures sociales, organisations, détails géographiques, particularités historiques ou artistiques... parfois, je me disais que certaines choses manquaient, et je n'eus aucun mal à ajouter ce que je sentais devoir mettre à cet endroit. Parfois, certaines pages apportaient des choses que je regardais d'un œil circonspect. Mais pour d'autres, c'était justement là que je trouvais l'intérêt d'un ouvrage pareil : les idées amenées apportaient du neuf, me poussaient là où je ne serais pas allé naturellement. Certaines suggestions m'amenaient à créer, créer, créer... car si telle chose existe, comment est-elle possible ? Qui est là ? Où se réunissent-ils ? Quel est le but d'une telle chose ? Est-ce bon, ou mauvais ?

... et comme, parfois, il n'y avait pas assez d'une page pour m'étendre sur ce qui m'était demandé d'imaginer, je prenais librement possession de l'espace mis à disposition à la fin du livre. Ces notes, où l'on pouvait rajouter ce qui ne rentrait pas ailleurs. J'ai rempli plusieurs pages, et au-delà de ce qui était prévu ; ajoutant des appendices, des ajouts, par les astérisques, çà et là, qui renvoyaient à cet endroit. "Voir page...", et souvent la note était bien plus longue que le texte initial.

Il y fut question de personnages, de peuples et de races, de lieux, des noms de montagnes, de description du système médical, du concept de mort, et ce que cela voulait dire sur Panium...

À un moment donné, il me fut demandé de dessiner la carte de Panium. J'en fus incapable. Comment pouvais-je dessiner un lieu que je n'avais pas encore créé ? Il m'était inconcevable de créer le visuel avant le mental. Ce ne fut que lorsque j'eus nommé les principaux continent que je pris une feuille blanche, et que je dessinai au crayon ce que je pensais être, plus ou moins, la géographie de Panium. Depuis, d'autres continents lui ont été ajoutés, des latitudes, des climats, des montagnes, des océans, des archipels...

Je ne pouvais pas dessiner un brouillon aussi amené à évoluer, aussi changeant, sur le cahier.